mardi 8 octobre 2013

Miracle à St. Anna

de Spike Lee avec plein de gens, plein ! On y trouve John Torturro, Josph Gordon-Levitt, John Leguizamo, Derek Luke, Michael Ealy...

1983, un employé des Postes de New York, veuf, sans histoires, à quelques mois de la retraite, vétéran décoré, abat froidement un client venu acheter des timbres à son guichet. Cet acte a priori incompréhensible trouve sa source dans un épisode (apparemment authentique mais on s'en fout) de la Seconde guerre mondiale, le massacre perpétré par l'armée allemande dans le village de Santa Anna, en Italie, en 1944. Flashback, où l'on va suivre 4 soldats du régiment des Buffalo Soldiers.

Dans le dictionnaire du cinéma, pour illustrer l'expression "se planter en beauté", vous trouverez ce film.

Parce que c'est un plantage monumental. Tout d'abord, il est d'une longueur incompréhensible. 2h40 de film, avec une première demi-heure d'introduction qui ne sert à rien et qui aurait pu tenir en 5 minutes. Ensuite, la plupart des personnages sont atrocement stéréotypés. Si les acteurs ne sont pas mauvais, leur jeu est ici, la plupart du temps, consternant. La bande musicale est une vraie torture, par moment tellement envahissante et caricaturale qu'on dirait un pastiche de John Williams. On attend une petite surprise dans le final, même pas. Et le récit souffre d'un manque d'unité flagrant, le réalisateur voulant aborder de multiples facettes (présentes j'imagine dans le roman, dont l'auteur est le scénariste du film) : la guerre, le racisme, l'amour, l'humanité, la trahison, et j'en passe, le tout donnant au final un patchwork à la limite de l'indigeste.

A la limite, dis-je, parce que malgré tout, c'est un plantage, certes, mais en beauté. Il y a du charme dans cette rencontre entre deux mondes si différents (les soldats noirs et les paysans italiens), il y a de la magie dans ces scènes loufoques (un géant noir légèrement attardé et un gamin italien légèrement atteint lui aussi), certains personnages, certaines scènes, certaines répliques, sont inoubliables, et même si l'ensemble est maladroit, branlant, toujours à la limite de l'écroulement lamentable, ce film atteint par moments un état de grâce qu'on n'espérait plus. Ainsi, quelques-unes des scènes les plus fortes, évoquant l'atrocité de la guerre ou du racisme vous prennent vraiment aux tripes. Ainsi, quelques-unes des scènes un peu décalées concernant l'amitié entre le géant simplet et le gamin handicapé sont réellement touchantes. Et bizarrement, ces quelques éclairs dans la grisaille justifient à eux seuls la vision de près de trois heures de film.

Ca aurait pu être un chef d'oeuvre. On en est loin. Mais si, comme moi, vous pouvez écouter les 78 minutes de l'album 666 d'Aphrodite's Child parce que vous savez qu'au milieu du magma pompeux vous allez connaître quelques minutes de pure extase, si vous pouvez faire pareil avec les 58 minutes de l'album Eternity d'Anathema, ou avec l'entièreté du répertoire des Who ou de Bob Dylan, alors ce film est pour vous. Si vous êtes fan des One Direction, passez votre chemin.

(Merci à OliD pour cette excellente critique !)

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